Défaillances d'entreprises : Toujours loin du rythme d'avant COVID ?
Dans la rubrique Actualité du crédit
Celui qui sortirait d’un coma de 12 mois en découvrant cette info aurait l’impression d’être revenu aux 30 Glorieuses. Cette courbe publiée par Altares montre qu’en 10 ans, jamais il n’y a eu aussi peu de défaillances d’entreprises en France. Fin 2020, le chiffre atteignait même son « plus bas niveau en 30 ans ».
Altares, expert de l’information d’entreprise dévoile son analyse du 2e trimestre. Et si la tendance sur 1 an est anormalement bonne, quelques signes montrent un début de "retour à la normal" ?
6 587. C’est le nombre d’entreprises tombées en défaillance en France au cours du 2e trimestre 2021, soit 14,2 % de plus que lors de la même période 2020, dont un mois et demi couvrait le premier confinement, ce qui est donc particulièrement bas !
Néanmoins, si le nombre de défaillances est bas, la part des liquidations directes (75 %) reste très au-dessus de ses valeurs traditionnelles (68 %), confirmant que les entreprises qui se présentent au tribunal sont dans une telle situation de fragilité qu’il n’est plus envisageable de leur proposer d’alternative. 3 procédures sur 4 se concluent sur une liquidation judiciaire directe :
En mai 2021, le nombre de défaillances cumulées sur 12 mois s’élève à 29 151. Avec ce chiffre, le nombre de défaillances sur un an à fin mai 2021 est en recul de 29,7 %.
Ce recul est moins fort qu’à fin avril (- 34,6 %) mais cette (moins bonne) évolution est due à un « effet de base ». À fin mai 2021, la base de calcul des variations inclut le mois de mai 2020, troisième mois de mise en place du confinement, qui a conduit à une réduction du nombre de défaillances : avec une base plus faible en nombre de défaillances, les variations ont l’air moins importantes sans que le nombre courant de défaillances soit significativement plus élevé. Ce phénomène d’effet de base devrait d'ailleurs s’accentuer dans les prochains mois.
Défaillances par secteur d’activité
BATIMENT : Enregistre la plus lourde augmentation (+37 %). Dans le détail, les tendances sont encore plus marquées pour le gros œuvre (+50 %), notamment en construction de maisons individuelles (+88 %).
COMMERCE : (+10,2 %) présente des évolutions très variables dans les activités de détail. Le commerce de véhicules automobiles accuse une dégradation de +52 % et l’entretien et la réparation de +46 %. La situation est également tendue dans les magasins multi-rayons (+74%) c’est-à-dire dans les surfaces d’alimentation générale ou supermarchés
INDUSTRIE - MANUFACTURE : L’industrie contient également la dégradation (+11,1%) sous la moyenne nationale, notamment grâce à l’agroalimentaire (-0,9 %). En manufacture, la fabrication de textile & habillement (-19 %) et l’imprimerie (-22 %) restent dans une dynamique de baisse. En revanche, les défaillances d’entreprises augmentent ce trimestre dans les activités énergie-eau-environnement (+26 %), métallurgie & mécanique (+47 %)..
SERVICES : Le secteur des services aux entreprises présente une hausse de 21,1% liée aux activités scientifiques et techniques notamment de conseil en communication (+23 %) et d’architecture et ingénierie (+55 %). Les services aux particuliers enregistrent une baisse très sensible des défaillances (-18,5 %), une performance tirée par les activités de coiffeurs et soins de beauté (-24%).
TRANSPORTS : Le secteur des transports et de la logistique affiche une hausse des défaillances de 29,9%, liée au transport de marchandises (+23%) en particulier en fret interurbain (+49%) tandis que le fret de proximité résiste encore (-3%). Le transport routier de voyageurs dérape : tendance essentiellement due aux taxis (+81%).
RESTAURATION : Le recul des défaillances est encore très fort en hôtellerie-restauration. 593 procédures ont été ouvertes (-28 %). La tendance est naturellement tenue par la restauration (-27%) en particulier traditionnelle (-33 %). La baisse est encore plus marquée pour les débits de boissons (-44 %).
AGRICULTURE : Le nombre des procédures a plus que doublé (+114,5%) ce 2e trimestre en comparaison du même trimestre 2020. Dans ces conditions, plusieurs activités agricoles retrouvent déjà leurs valeurs de 2019.
Par région
Les régions Nord Est restent préservées, l’Ile de France et la PACA enregistrent les plus lourdes hausses
En conclusion, avec 6587 procédures collectives ouvertes, en hausse de 14,2 % par rapport au 2e trimestre 2020, le volume des jugements reste encore deux fois inférieur au niveau d’avant Covid. Des signaux de fragilisation émergent néanmoins, notamment pour les TPE, à bout de souffle et passant directement par la case liquidation judiciaire, le secteur du bâtiment et les régions Ile de France et PACA, bien plus durement impactés que la moyenne nationale, et véritablement baromètre de l'économie française.
« Comme attendu, les mois d’avril et mai 2021 se sont logiquement inscrits en très forte hausse (respectivement +54% et +35%) par rapport aux mêmes mois de 2020. Juin est quant à lui à la baisse (-17 %) et les audiences sont encore loin d’avoir retrouvé leur rythme d’avant Covid. » Thierry Million, directeur d'Altares.
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