Défaillances d’entreprises 2015 : constat d’échec ?
Dans la rubrique Actualité du crédit
Altares a publié la semaine dernière, son étude annuelle sur les défaillances d’entreprises. Reflet de l’activité économique, le nombre de défaillances est un marqueur significatif de la santé économique d’un pays. Quel constat peut-on tirer des derniers chiffres publiés par les Tribunaux de Commerce en matière de défaillance ?
Avec 63 081 jugements (+ 0,8 %) dont 1 533 procédures de sauvegardes (- 5,4 %), 18 370 redressements judiciaires (+ 1,5 %) et 43 178 liquidations judiciaires directes (+ 0,7 %), 2015 restera une année décevante. L’inversion de la courbe des défaillances semble donc, elle aussi, se faire toujours attendre… Après les (très) bons résultats du 2ème et 3ème trimestre, ce 4ème trimestre est venu mettre un frein à l’embellie constatée, avec une augmentation des défaillances de 16 % sur le seul mois de décembre par rapport à décembre 2014 !
L’étude montre que les difficultés se sont principalement concentrées sur les petites entreprises en cette fin d’année, essentiellement sur celles à destination du particulier, telles que le commerce de détail, la restauration et les soins de beauté.
Les PME davantage orientées B2B sont en revanche moins vulnérables au fil des mois.
Sur T4, les TPE de moins de 3 salariés ont vu une augmentation des défaillances de 3%, alors que les PME de + de 20 salariés se sont moins présentés à la barre des Tribunaux de Commerce (diminution défaillance de 8%). L’amélioration se confirme d’ailleurs surtout pour les entreprises de + 100 salariés avec un recul de 12% des défaillances.
Parmi ces 63081 jugements, plus de 43000 concernent des liquidations directes, dont les ¾ prononcées à l’encontre des entreprises de – de 3 salariés. Les TPE anticipent visiblement moins les difficultés, et sont les plus vulnérables aux fluctuations d’activité.
Ces défaillances d’entreprises sont aussi la résultante des mauvaises habitudes de paiement. Quand on sait que les retards de paiement provoquent à eux seuls ¼ des défaillances d’entreprises, les derniers comportements de paiement détaillés par Altarès en nov 2015 peuvent également expliquer ces mauvais chiffres.
Sur cette fin d’année, en effet, seules 36,2% des organisations payent leurs factures à l’heure, et 7,5% des entreprises présentent des retards supérieurs à 30 jours.
C’est visiblement sur le front des petits retards inférieurs à 15 jours que doit se concentrer l’attention des fournisseurs. La France ne lâche pas son titre de champion d’Europe des petits retards. Le tiers des entreprises (33,2%) en sont coutumières (27,4% en Europe).
Alors que sur l’ensemble des artisans-commerçants la baisse est assez limitée (12,3 jours en T3 contre 12,6 jours en T2), celle-ci s’accélère chez ceux employant plus de 20 salariés (13,9 contre 14,9). L’effort est davantage porté par les petites sociétés commerciales, tandis que les paiements restent sous pression dans les plus grandes, au-delà de 250 salariés (14,7 jours).
Une attention particulière des TPE pour prévenir les difficultés d’une part et un effort des plus grandes pour honorer leur obligation de paiement dans les délais d’autre part sont essentiels pour renouer avec les chiffres d’avant la crise de 2008 et tenter cette fois-ci d’amorcer pour de bon la reprise économique et inverser la courbe du chômage, fortement corrélée à celle des défaillances d’entreprises…
Philippe Bernis (Direct Recouvrement)
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